Ernest ROUSSEL
Né le 21 janvier 1923 à Plounévez-Moëdec, fils de Yves et de Jeanne ROUSSEL, demeurant à Kerouartz en Plounévez-Moëdec (entre Belle-Isle-en-Terre et Plounévez-Moëdec). Célibataire en 1943.
Quand le frère d’Ernest ROUSSEL, joueur d’accordéon est parti faire son service militaire, il pris la précaution de demander à son frère de ne pas toucher à son instrument de musique.
Ernest ne pu durant l’absence de son frère s'empêcher de s’exercer à l’utilisation de la "boîte du diable" comme la surnommait les gens d’église.
Au retour de son frère, celui-ci s’aperçu qu’Ernest n’avait pas respecté la consigne, il demanda à Ernest de lui montrer ce qu’il était capable de faire instrument en main.
Apparemment l’essai fut concluant, le frère d’Ernest lui dit alors : "puisque tu te débrouilles bien, je te laisse l’accordéon et moi je vais m’en acheter un pour moi".
Au mois de mai 1943, Ernest s’acheta un nouvel accordéon qui lui coûta 15000 Frs.
Le dimanche 7 novembre 1943, Jean LE LAGADEC de Kerhoën en Saint-Eloi organisa un bal clandestin au Parcou en Saint-Eloi (lieu éloigné de toute habitation de plus de 500 m), Ernest et son musicien animèrent le bal qui leur rapporta entre 600 et 800 Frs, 150 Frs furent donnés à Francine LE GUERN la mère de Jean LE LAGADEC pour les avoir nourri.
Le 23 novembre 1943, les gendarmes de la brigade de Belle-Isle-en-Terre avertis du déroulement du bal clandestin vinrent sur place à Kerhoën verbaliser. Ils dressèrent un procès-verbal à Jean LE LAGADEC et transmirent une copie au commandant de la brigade de gendarmerie de Loguivy-Plougras pour audition d'Ernest ROUSSEL.
Le 3 décembre 1943, les gendarmes de la brigade de Loguivy-Plougras virent au domicile d’Ernest ROUSSEL à Kerouartz en Plounévez-Moëdec lui dresser un procès verbal et lui confisquer son accordéon au grand désespoir de Nénesse.
Quelques temps plus tard, toujours durant l'occupation, Nénesse se trouvant dans un café à Belle-Isle-en-Terre, inconsolé de la confiscation de son accordéon, racontait son histoire à des camarades.
Un homme attablé à l’écart, lui demanda de venir le rejoindre à sa table, discrètement il proposa : "tu veux récupérer ton accordéon ?", Nénesse d’approuver : "Bien sur !", alors le personnage lui dit : "tu t’arranges pour me procurer une motte de beurre et je réglerai l’affaire, tu retrouveras ton accordéon".
Nénesse étonné de la proposition, à vélo, il retourna chez ses parents chez lesquels il demeurait, il leur raconta ce qu’il venait de vivre et sans perdre de temps il couru à droite à gauche pour se procurer une motte de beurre.
Une fois la moisson de beurre effectuée, il retourna toujours à vélo au café où l’attendait le personnage qui lui fit un papier signé et tamponné à l’adresse des gendarmes de la brigade de Loguivy-Plougras, lieu de détention de l’accordéon, c’était le greffier de Paix.
Il s’agissait de Pierre GUEGAN, greffier de Paix, Conseiller Municipal de Belle-Isle-en-Terre.
Nénesse s’empressa d’aller à la brigade de Loguivy-Plougras, de suite les gendarmes pensèrent qu’il voulait jouer sur place de son instrument pour ne pas perdre la main.
Nénesse leur présenta le papier signé du greffier de Paix, les gendarmes éberlués ne purent que restituer l’instrument à Nénesse.
Nénesse participa à la Résistance, il était membre des Francs Tireurs et Partisans Français (FTPF) de la compagnie La Marseillaise dirigée par Yves Trédan de Vieux-Marché.
Il participa à :
- des actions de sabotages de la voie ferrée Paris-Brest,
- la Libération du secteur de Lannion et Tréguier,
- contenir les troupes nazies retranchées sur le Front de Lorient, il fit partie du 15ème Bataillon LE DU commandé par Léon RAZUREL.
Connu de tous les gens de sa génération, durant toute sa vie Nénesse participa avec son accordéon à des bals populaires, animant les bals de noces, les bals pour des associations en particulier pour l'ANACR dont il était adhérent et responsable sur Trébeurden.
Il créa un groupe appelé les Wattson : Watt (électricien à l'EDF + son).
Nénesse enregistra plusieurs CD, dans son auditorium qu'il s'était installé à l'arrière de sa maison de Trébeurden.
Nénesse garda jusqu’à la fin de sa vie son précieux accordéon, il en fit don à un de ses amis Bernard Le Page originaire de Gommenech (Côtes d'Armor) qui le garde précieusement.
Nénesse est décédé le 6 octobre 2009 à l'âge de 86 ans.